Chômage temporaire pour force majeure COVID-19 : 7,3% des travailleurs du secteur privé en janvier
Le 18 mars 2020, il a été décidé d’étendre le régime de « chômage temporaire pour force majeure » et d’en faire un régime de « chômage temporaire pour force majeure COVID-19 ». Cet assouplissement a permis de donner une bulle d’oxygène à de nombreuses entreprises qui ne pouvaient pas poursuivre normalement leurs activités.
Lors de la période la plus tendue de la crise, à savoir la première semaine d’avril, cet instrument a été largement utilisé : 950.000 personnes, soit 30% de l’emploi salarié privé, étaient sous le régime de chômage temporaire. Ce qui illustre bien à quel point la situation était alors désastreuse.
Ensuite, on a observé quatre phases d’amélioration significative de la situation, chacune correspondant à des étapes clés du déconfinement1. Ainsi, le recours au chômage temporaire a systématiquement baissé, jusqu’à atteindre début octobre un minimum d’encore 109.000 personnes (soit 3,4% de l’emploi salarié privé).
À la lumière d’une deuxième vague de contaminations et d’hospitalisations liées au COVID, un deuxième confinement a cependant suivi à partir du 19 octobre, avec entre autres la fermeture des établissements HoReCa. Depuis le 19 octobre, ce secteur ne peut fonctionner qu’avec des systèmes de vente à emporter. Le pourcentage de jours de travail perdus du fait du chômage temporaire dans l’HoReCa a donc à nouveau fortement augmenté, passant de 15% en septembre à 45% en novembre. Après un mois de décembre un peu moins mauvais grâce aux commandes de repas pour la période des fêtes (39,6%), ce pourcentage est remonté à 47,5% en janvier. On reste cependant en dessous du niveau atteint lors de la fermeture obligatoire précédente du secteur, en avril (63,2%) et en mai (69,2%), sans doute parce que la commande électronique et l’enlèvement de repas dans les restaurants sont devenus plus courants.
Par la suite, les métiers de contact non médicaux, certains commerces ‘non essentiels’ ainsi que les centres culturels et salles de fêtes ont dû à nouveau fermer à partir du 2 novembre. Cela a encore plus fait grimper les chiffres, jusqu’à 317.000 personnes (près de 10% de l’emploi salarié) mi-novembre. Sous l’effet du léger assouplissement de début décembre (principalement dans le commerce, voir ci-dessous), ces chiffres sont ensuite revenus à environ 200.000 personnes en décembre (6%), avant de remonter en janvier pour atteindre 230.000 personnes, soit 7,3% de l’emploi salarié. Cela reste donc plus du double de ce que nous avons pu observer juste avant le deuxième confinement. Heureusement, cette hausse est beaucoup plus limitée que le pic abrupt d’avril.
En effet, contrairement au premier confinement, le renforcement des mesures sanitaires n’a pas donné lieu à une période au cours de laquelle les entreprises de production ou de construction n’étaient pas certaines de faire partie ou non d’un secteur essentiel, ne savaient pas quelles mesures mettre en place, etc. Les entreprises se sont adaptées et savent dans l’intervalle comment assurer la sécurité des travailleurs tout en poursuivant la production. La situation au sein de la construction et de l’assemblage automobile (fortement impactés en mars et en avril) en est une bonne illustration. La situation s’est très fortement améliorée en mai, une fois les processus de production et l’organisation des chantiers adaptés.
Par ailleurs, lors du deuxième confinement, qui a débuté le 2 novembre, le commerce de détail a été touché un peu moins durement qu’en avril (25% de jours de travail perdus du fait du chômage temporaire en novembre contre 54,8% en avril) parce que l’obligation de fermeture concernait moins de commerces (les magasins de bricolage et les jardineries ont pu rester ouverts) et que les systèmes de ‘click & collect’ se sont répandus. De plus, la fermeture obligatoire des magasins ‘non essentiels’ a été levée dès le 2 décembre, de sorte que le chômage temporaire est retombé à environ 5% dans le commerce.
N’oublions pas pour autant que ce chiffre global de 4,9% de jours de travail perdus en janvier, moins élevé qu’au pire de la crise, cache encore de grandes disparités sectorielles. Au sein des secteurs les plus atteints (transport aérien, HoReCa, culture, évènementiel, agences de voyage), le chômage temporaire est encore de près de 43% en janvier, contre 4% pour les autres entreprises du secteur privé. Les secteurs les plus atteints restent le transport aérien (62%), l’HoReCa (47%) et les agences de voyage (près de 40%). Mais c’est aussi le cas de secteurs industriels tels que les fabricants d’autres matériels de transport2 (19%) et de textiles (10%). Une situation compliquée pour de nombreuses entreprises dont les difficultés s’accumulent. Il faut donc s’assurer que le soutien via l’assouplissement de la condition de force majeure ne soit pas arrêté trop tôt.
> Jours de chômage temporaire pour cas de force majeure COVID-19 en % du total des jours de travail potentiels des salariés par secteur
1. Voir les encadrés du graphique
2. Fabrication de composants pour l’aéronautique, les bus, etc.