La cybersécurité dans l’industrie manufacturière – Nouveaux chiffres belges
Le 27 avril 2021, Agoria, Sirris, l’Howest et l’UGent ont publié les résultats de leur étude conjointe sur la cybersécurité dans l’industrie manufacturière. L’objectif était de vérifier où en sont les entreprises manufacturières belges dans ce domaine. En publiant cette étude, les initiateurs ne se contentent pas de sensibiliser les entreprises à la cybersécurité ; ils leur fournissent également dix conseils pratiques pour élaborer une politique efficace en la matière.
La pertinence de l’étude devient vite évidente lorsque l’on sait que la Belgique compte environ 5000 entreprises manufacturières industrielles. 60% d’entre elles ont franchi le pas de l’Industrie 4.0. Cela signifie qu’en plus de l’automatisation pure, elles ont également investi dans des technologies d’exploitation plus intelligentes (en abrégé « OT », pensons notamment au système SCADA, PLC...), des machines et des robots connectés, etc. pour améliorer leurs processus de production. Les cybercriminels innovent et recherchent constamment de nouvelles opportunités. Il n’est donc pas surprenant que l’Internet industriel des objets (IIOT), qui a considérablement augmenté la connectivité entre les appareils/machines, soit également dans leur ligne de mire.
Les résultats de l’étude sont assez préoccupants, dans la mesure où la majorité des entreprises interrogées ne s’avèrent pas suffisamment sensibilisées aux risques de cybersécurité auxquels leurs technologies sont exposées. La plupart du temps, il n’existe pas de politique de cybersécurité pour les OT, alors que celles-ci sont très vulnérables d’un point de vue technologique, entre autres à cause de l’âge de certains équipements – en raison de leur cycle de vie plus long – et parce qu’il n’y a généralement pas ou trop peu de mises à jour – un processus de production fonctionne en effet souvent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Par conséquent, les entreprises manufacturières ne sont pas toujours en mesure de réagir rapidement et efficacement lorsqu’elles sont confrontées à un incident de cybersécurité.
Comme point positif, soulignons que 10% des entreprises interrogées parviennent déjà à se prémunir contre les incidents de cybersécurité. À la suite de cette étude, Agoria, l’Howest et leurs partenaires souhaitent encourager les autres entreprises à franchir elles aussi le pas vers une amélioration de la cybersécurité. C’est pourquoi ils ont rédigé, à l’intention de celles-ci, un livre blanc pratique incluant dix recommandations concrètes qu’elles peuvent mettre en œuvre immédiatement. Vous pouvez télécharger l’étude et le livre blanc qui l’accompagne (actuellement disponibles qu'en néerlandais), incluant ces conseils pratiques pour les entreprises, sur le site web d’Agoria.
Lors de la conférence de presse, la ministre Hilde Crevits et Miguel De Bruyckere du CCB ont également pris la parole. La ministre a souligné que la cybersécurité était l’un des problèmes les plus sous-estimés de notre époque, car les résultats de l’investissement ne sont pas visibles, ou du moins pas immédiatement. Il s’agit donc d’une priorité absolue et d’une responsabilité partagée des pouvoirs publics et des entreprises. M. De Bruyckere a confirmé ce constat et a en outre annoncé que le CCB lancera prochainement une application qui tiendra la population mais aussi les PME informées, de manière simple et rapide, des campagnes d’hameçonnage criminelles et autres cybervulnérabilités. À suivre...
FEB – Cette étude est un parfait exemple de triple hélice. Une belle collaboration entre les secteurs public et privé et le monde universitaire. Les résultats sont en outre très pertinents. Il va sans dire que les mesures prises pour lutter contre le COVID-19 ont accéléré la digitalisation. Or, dans ce contexte, la cybersécurité et la protection de nos données sont vitales. Sans compter que les cybercriminels sont incroyablement bien organisés et spécialisés. Des initiatives telles que cette étude, impliquant une collaboration intersectorielle entre des organisations belges, sont donc cruciales. La FEB félicite les organisations concernées pour cette belle réalisation.