Manifestation contre la réforme des pensions : soyons clairvoyants
Plusieurs grandes actions syndicales contre la réforme des pensions ont eu lieu hier. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) souligne le fait que, selon une enquête menée en été 2018, les jeunes travailleurs de moins de 34 ans sont plus nombreux que les autres à se positionner en faveur de l’allongement de la carrière. Il est évident qu’une solidarité intergénérationnelle est plus que jamais nécessaire.
En effet, il ressort de cette enquête que 81% des employeurs estiment qu'il est nécessaire de travailler plus longtemps en raison du vieillissement de la population et des coûts supplémentaires que cela entraîne pour la sécurité sociale. Les travailleurs sont plus divisés avec 54% en faveur d’un tel projet. Comme évoqué ci-dessus, les jeunes travailleurs, quant à eux, sont significativement plus nombreux à reconnaître cette nécessité, avec 2/3 des répondants en faveur de l’allongement de la carrière.
Ce sont les plus jeunes générations qui prennent donc le plus conscience que nos carrières sont trop courtes pour garantir le financement de notre sécurité sociale à terme. Pourtant, ce n’est pas pour ces jeunes qu’hier, 40.000 manifestants ont défilé dans les rues. L’enjeu de ces manifestations, ce n’est pas la pension des jeunes, mais celle de la génération qui s’apprête à quitter le marché de l’emploi. Je comprends que les travailleurs veuillent des certitudes au sujet de leur pension. Cela n'est toutefois possible qu'en réformant les pensions pour ne pas reporter la facture du vieillissement sur les prochaines générations.
Aujourd’hui, 1/5 des dépenses courantes de l’État sont attribuées aux pensions. Les carrières sont beaucoup plus courtes qu’avant : en 1950, un travailleur travaillait en moyenne 48 ans alors qu’aujourd’hui, la durée de la carrière effective est de 39 ans. De plus, il y a toujours moins de travailleurs pour financer les pensions : en 2015, il y avait 2,29 travailleurs par pensionné. Si nous ne changeons rien, en 2060, il n’y aura plus que 1,7 travailleur par pensionné. Afin de revenir à un équilibre, il est nécessaire d’allonger la durée de la carrière afin d’augmenter les cotisations.
Je le répète donc encore une fois : vivre plus longtemps, étudier plus longtemps et vouloir augmenter les pensions est seulement envisageable en rallongeant les carrières effectives !
La position de la FEB sur une réforme des pensions peut être consultée via ce lien : Réforme des pensions : pour un retour aux fondamentaux.
Pieter Timmermans, administrateur délégué