Pourquoi les entreprises recourent-elles au détachement ? L'Université d'Anvers étudie la question du détachement en Belgique

Le détachement de travailleurs, c’est beaucoup plus que ce qu’en font souvent les médias et le débat public. Pour démentir les perceptions dominantes de dumping social, de concurrence déloyale et de pression sur le marché du travail local, le Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck de l’Université d’Anvers étudie les flux de détachement en Belgique (*). Lors d’une table ronde organisée par la FEB, des secteurs et entreprises belges ont fait part de leurs connaissances et expériences aux chercheurs, pour combler les connaissances lacunaires relatives à la perspective des employeurs.


Ineke De Bisschop, COMPETENCE CENTRE LABOUR & SOCIAL SECURITY
16 October 2019

Alors qu’ailleurs en Europe, on sait peu de choses sur les flux de détachement (importance, origine), ce n’est pas le cas pour la Belgique grâce aux données détaillées du système Limosa. Sur 10 ans, le nombre de détachements uniques en Belgique est passé de 115.000 en 2008 à 230.000 en 2018, avec une durée de travail moyenne de 107 jours. Les secteurs de la construction, du transport, de l’acier et du métal sont les secteurs comptant le plus grand nombre de détachés en 2018 dans notre pays. Un peu plus de la moitié des travailleurs détachés provient de pays de l’UE-15, un peu moins d’un quart provient des pays qui ont adhéré à l’UE en 2004 (Pologne, Tchéquie, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Estonie, Slovaquie, Hongrie, Chypre et Malte) et 12% des pays de l’UE ayant adhéré en 2007 (Roumanie et Bulgarie) et 2013 (Croatie). Les chercheurs Ive Marx, Ninke Mussche et Dries Lens constatent qu’il n’est pas uniquement question d’économies et de dumping social, mais que le détachement reflète bel et bien une intégration économique forte entre pays voisins et constitue un important moteur pour la mobilité du travail.

Il n’en reste pas moins que la perspective des employeurs fait encore souvent défaut. Grâce à des interviews avec des secteurs et entreprises belges, les chercheurs ont découvert les principaux motifs pour les entreprises d’opter pour le détachement. L’on notera à cet égard que le coût plus faible constitue certes une importante motivation, mais qu’il s’avère nécessaire de nuancer. Le motif le plus courant pour recourir au détachement est de pallier une pénurie de main-d’œuvre et de compétences – aussi bien pour ce qui est des qualifications moyennes et supérieures que des profils à faible qualification. Pour certains secteurs, comme ceux de la viande et de la construction, les travailleurs détachés sont même devenus une nécessité absolue. Selon les chercheurs, le détachement crée beaucoup d’incertitude auprès des entreprises concernant les règles à appliquer ainsi que le respect et la complexité des deux directives européennes relatives au détachement qui se sont succédé en peu de temps.

FEB – Une étude plus approfondie des flux de détachement dans notre pays, mais aussi des motifs et besoins des employeurs belges s’avère absolument opportune, compte tenu des défis auxquels le marché du travail belge se trouve confronté en termes de pénurie de main-d’œuvre et de vacance d’emploi. Il importe à cet égard que les entreprises puissent faire facilement appel à de la main-d’œuvre étrangère, tout en continuant à miser sur le marché du travail belge en matière d’employabilité et de compétences. 

> (*) Lien vers l'étude du Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck de l’Université d’Anvers

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