Deal pour l’emploi 2.0 : carte jouable ou pure fiction ?

Le 11 octobre dernier, le gouvernement a bouclé son accord budgétaire 2023-2024. Il y prend clairement l’engagement d’atteindre l’objectif prévu d’un taux d’emploi de 80% grâce à des réformes structurelles du marché du travail belge. Les cris de victoire de certains décideurs politiques concernant le taux d’emploi en hausse dans les trois Régions ne peuvent occulter le fait que le chemin à parcourir est encore très long. Les perspectives économiques ne sont pas non plus de nature à favoriser la réalisation de l’objectif de ce gouvernement en matière d’emploi, bien au contraire.


Pieter Timmermans, CHIEF EXECUTIVE OFFICER Monica De Jonghe, DIRECTOR-GENERAL MANAGER AND EXECUTIVE MANAGER OF THE COMPETENCE CENTRE LABOUR & SOCIAL SECURITY
05 December 2022

Compte tenu de ce contexte, nous pourrions nous attendre à ce que notre ministre du Travail mette tout en œuvre pour prendre le taureau par les cornes et créer le cadre juridique nécessaire pour faire travailler davantage de personnes, en étroite collaboration avec les Régions. En effet, l’urgence n’a jamais été aussi grande, maintenant que le budget vire dangereusement au rouge et que le financement de la sécurité sociale est mis de plus en plus sous pression.

Note de politique

La note de politique générale du ministre du 28 octobre 2022 a vraiment de quoi décevoir sur ce point. Vous ne pouvez pas tout miser sur les personnes qui travaillent déjà, pas plus que vous ne pouvez espérer que le problème de l’inactivité soit résolu en offrant des primes supplémentaires aux demandeurs d’emploi qui commencent à travailler, et en mettant de surcroît principalement l’accent sur les formations se rapportant aux métiers en pénurie. Les spécialistes du marché du travail s’accordent à dire que l’augmentation du taux d’emploi en Belgique nécessite un plan d’action ambitieux, dans le cadre duquel le gouvernement fédéral doit créer les leviers nécessaires pour réformer en profondeur le marché du travail afin de mettre davantage de personnes au travail. Or le récent deal pour l’emploi a montré comment il ne faut surtout pas s’y prendre, en se concentrant presque unilatéralement sur des mesures pour les personnes qui sont déjà au travail.

Un plan ambitieux doit s’attaquer à plusieurs chantiers et oser procéder à des réformes. Prenons les nombreux pièges à l’inactivité (et les pièges à l’emploi) qui rendent l’inactivité plus attractive et plus avantageuse que le travail. Ces pièges sont, entre autres, la conséquence de l’assurance-chômage qui combine le caractère illimité des allocations (unique en Europe) avec une dégressivité de plus en plus réduite des allocations, ce à quoi il faut encore ajouter la liste des avantages (financiers) supplémentaires pour les personnes bénéficiant d’une allocation. Pour ces personnes, aller travailler implique qu’elles touchent moins à la fin du mois et que plus rien ne les incite à chercher du travail. Les droits et obligations qui sont inhérents à notre système de sécurité sociale sont en outre complètement faussés depuis des années.

Flexibilité

Par ailleurs, il est absolument nécessaire de réformer notre droit du travail, en éliminant les nombreux obstacles qui empêchent une transition plus souple vers le travail, tant dans le chef du demandeur d’emploi que dans celui de l’employeur. Pour ce faire, il faut s’attaquer au droit du licenciement beaucoup trop rigide et peu activateur, et mettre un terme à l’expansion débridée de la flexibilité des travailleurs qui rend une bonne organisation du travail de plus en plus difficile à réaliser pour les employeurs. Cela fait déjà plusieurs années que l’équilibre est rompu : en raison de la digitalisation croissante, de la transition climatique, mais aussi des crises à répétition, les employeurs ont également besoin de davantage d’instruments pour pouvoir organiser le travail de manière plus flexible. Les employeurs sont affligés par l’inflation de protections supplémentaires contre le licenciement qui minent de plus en plus la confiance sur le lieu de travail, ce qui accroît le risque de conflits. Personne n’en sort gagnant. En d’autres termes, une plus grande flexibilité pour les travailleurs requiert également une plus grande flexibilité pour les employeurs, et vice versa !

Autres défis…

Et il existe bien d’autres défis à relever, comme les coûts salariaux, qui font de la Belgique une des économies les plus chères de l’Europe ; l’activation d’un grand groupe d’inactifs dans notre pays ; une politique énergique offrant aux travailleurs en incapacité de travail de nouvelles opportunités sur le marché du travail ; la réforme des pensions qui doit rendre le travail plus rémunérateur et décourager la retraite anticipée et enfin, faire en sorte que l’apprentissage tout au long de la vie pour tous les citoyens en âge de travailler fasse partie de notre culture d’apprentissage.

Pour la FEB, le deal pour l’emploi n’est pas une fiction, mais une pure nécessité. Il est en outre une carte jouable moyennant la ferme volonté de mener des réformes drastiques. La FEB a recherché une réponse à tous ces défis et élaboré une boîte à outils pour les décideurs politiques. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet dans le magazine REFLECT de septembre 2022 « Outils pour un marché du travail pérenne ». Il importe maintenant de s’y atteler d’urgence, dans l’intérêt de notre économie et de la pérennité de notre État-providence, mais également des générations futures !

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