Utilisation maximale du télétravail - On peut procéder autrement
Depuis quelques mois, les entreprises du secteur privé sont soumises au régime du télétravail obligatoire et à temps plein. Mais commençons par le commencement : nous continuons à soutenir l’utilisation maximale du télétravail, car toute mesure qui contribue à atténuer cette crise fait partie de la solution temporaire. Toutefois, après des mois de télétravail obligatoire et à temps plein, les effets commencent à s’en faire ressentir sur le terrain.
Le télétravail est parfois considéré comme une mesure « facile » qui est donc fortement privilégiée. Par facilité, les efforts logistiques, financiers et humains consentis par les employeurs et les employés pour le rendre possible sont alors ignorés.
Une récente enquête (février) réalisée en collaboration avec l’Antwerp Management School et HRPro.be montre que 60% des entreprises ont de plus de en plus de mal à influencer positivement la cohésion au sein de leur organisation. 32% des personnes interrogées ont également indiqué que le télétravail obligatoire et à temps plein ne leur permet pas de veiller au bien-être de leurs collaborateurs.
De nombreuses entreprises reportent également les exercices plus stratégiques – qui bénéficient souvent d’une réunion physique – parce que les discussions sur les projets de changement, de transformation et/ou de restructuration sont mieux menées dans la vie réelle que dans une énième réunion virtuelle.
En même temps, des entreprises nous signalent qu’elles ne parviennent pas à garder de jeunes débutants parce qu’elles n’arrivent pas – uniquement à distance – à les connecter, à les intégrer correctement et à ne pas les perdre. L’intégration complète de nouveaux collaborateurs – même s’ils ne sont pas débutants – n’est en tout cas pas une sinécure.
La situation familiale de nombreux collaborateurs ne se prête pas toujours non plus au télétravail obligatoire de longue durée. Partager le séjour avec un partenaire et/ou des enfants est loin d’être idéal et met la pression sur chaque membre de la famille.
Et puis il y a les collaborateurs les plus vulnérables qui gagneraient à pouvoir retourner de temps en temps sur leur lieu de travail habituel.
Nous pensons donc qu’il faudrait revenir en avril au régime qui s’appliquait au télétravail en septembre 2020 : un télétravail fortement recommandé (ou même obligatoire dans un premier temps), mais plus à temps plein et avec des moments de retour.
Dans un scénario progressif, ces moments peuvent être assortis au début d’un certain nombre de conditions, comme des systèmes d’équipes successives, l’extension des horaires variables, l’évitement des heures de pointe, l’occupation maximale… Ces mesures d’accompagnement pourront ensuite être progressivement supprimées afin de parvenir à terme à un équilibre parfait pour la société, l’employeur et le travailleur. Il faut donc lever progressivement la combinaison entre temps plein et obligation, parce que c’est possible et parce que c’est nécessaire.
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