Les partenaires sociaux tenus à l’écart dans le dossier du congé de maternité
La commission des Affaires sociales du parlement fédéral a approuvé la proposition de loi visant à permettre le report vers le congé postnatal de périodes de chômage temporaire et d’incapacité de travail survenues durant le congé prénatal. Ce faisant, la commission ne donne pas suite à l’avis unanime des partenaires sociaux de décembre 2019. L’élargissement du champ d’application et de la période d’application pousse encore à la hausse les coûts à charge des employeurs et de la sécurité sociale.
En octobre 2019, le Conseil national du travail avait été invité à rendre un avis sur trois propositions de loi relatives au report de jours d’incapacité de travail pendant le congé prénatal vers le congé de maternité postnatal. En décembre 2019, les partenaires sociaux avaient marqué leur accord sur l’objectif des propositions de loi, à savoir que chaque mère puisse effectivement prendre 15 semaines de congé de maternité. Compte tenu de l’impact considérable occasionné sur le budget (coûts supplémentaires pour la sécurité sociale et les employeurs) ainsi que sur l’organisation du travail, les partenaires sociaux s’étaient à l’époque engagés à élaborer, pour la fin du mois de juin 2020, un report phasé de semaines d’incapacité de travail pendant la période prénatale vers le congé de maternité postnatal.
La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) déplore que la commission ne tienne aucun compte de l’avis unanime du Conseil national du travail et ignore les importantes implications budgétaires de la mesure, à un moment où le budget public est déjà fortement sous pression. Les employeurs doivent, de leur côté également, déjà tout mettre en œuvre aujourd’hui pour surmonter cette crise, et n’ont que peu ou pas de marge pour des coûts salariaux supplémentaires. Initialement conçu comme une disposition temporaire visant à résoudre certains effets négatifs de la crise sanitaire pour les jeunes mamans, le régime est tout à coup rendu structurel sous le couvert de l’urgence. Cela est totalement inacceptable.
« Cette proposition de loi ayant été approuvée en deuxième lecture au parlement, les partenaires sociaux n’auront pas la possibilité de transmettre à celui-ci une proposition largement soutenue (avec une introduction phasée), surtout pour la période post-coronavirus. Cela aura un impact considérable, non seulement pour les employeurs mais aussi pour la sécurité sociale », déclare Monica De Jonghe, directeur général de la FEB.