Le dialogue, et non la grève, permet d'obtenir des résultats
Tous les indicateurs sont au rouge. Malheureusement, les prédictions que nous avions faites au début de l'année se confirment les unes après les autres. Le chômage temporaire dans les entreprises commence à croître. Le nombre de faillites augmente et le recours aux intérimaires diminue. Mais surtout, nos entreprises voient leurs coûts exploser.
Tout cela s’explique en premier lieu par les coûts énergétiques qui continuent à grimper en flèche, mais à cela s'ajoute l'indexation automatique des salaires, qui fait que les entreprises belges - bien plus que les autres entreprises de l'UE - sont confrontées à un problème de compétitivité en plus du problème énergétique. Ainsi, le handicap salarial par rapport aux pays voisins devrait atteindre 15 à 16% en 2023, ce qui représente une détérioration de notre compétitivité de 4 à 5% en deux ans.
L’explosion des coûts énergétiques constitue un problème majeur pour les industries manufacturières et par conséquent pour l’ensemble de l’économie belge. Les entreprises reportent les investissements lourds et plusieurs d’entre elles ont même arrêté la production ou envisagent de le faire. En effet, suite à la flambée des prix de l’énergie, il n’est plus rentable de produire certaines matières premières et certains produits, ce qui a un impact sur l’ensemble de la chaîne.
Une approche globale s’impose
Les entreprises belges traversent une crise grave, mais il y a encore une issue. C'est pourquoi, en tant que principale organisation d'employeurs du pays, nous avons déjà élaboré une approche globale assortie d'une série de mesures concrètes et l'avons soumise au gouvernement. La crise énergétique actuelle ne pourra en effet pas être résolue par une mesure unique. Elle nécessite une approche globale et cohérente combinant des mesures à court, moyen et long terme qui feront baisser le prix de l’énergie, réduiront les taxes, adapteront les mécanismes de marché au niveau de l’UE et diminueront également notre propre consommation énergétique.
Le plan complet peut être consulté ici.
Lors de la réunion du 5 septembre avec le Premier ministre et les ministres-présidents de notre pays concernant la situation économique pénible, nous avons pu insister sur la nécessité de prendre des mesures fortes et urgentes pour soutenir les entreprises qui sont en difficulté en raison de la crise énergétique.
La réduction des accises sur les produits énergétiques, la révision du système de formation des prix du gaz et de l'électricité, la libération de quotas de CO2 de la réserve RSM européenne ou le chômage temporaire sont autant de solutions que nous avons discutées avec le gouvernement. Nous avons également insisté sur le fait que l'Europe et les États membres doivent, à court terme, entamer des négociations avec la Norvège afin d'obtenir des réductions sur les prix du gaz.
Les partenaires sociaux peuvent jouer un rôle important
Si tous les acteurs assument leurs responsabilités, un cadre peut être créé au sein du Groupe des Dix sur la manière de réduire les coûts salariaux élevés, d’utiliser l'enveloppe sociale pour combattre la pauvreté énergétique et de poursuivre la réforme du marché du travail.
Notre plaidoyer est clair : il faut préparer le terrain. Concluons un accord global qui répartit la charge de cette crise entre tous les acteurs de ce pays. Car en janvier, plus de 50.000 entreprises devront appliquer une indexation qui fera croître leurs coûts salariaux de 10%, et si nous ne faisons rien, il est certain que cela va mal se passer.
Les solutions peuvent être trouvées à la table des négociations
La récente menace des syndicats de faire grève alors que les entreprises sont au bord du gouffre ne reflète pas un sens des réalités et est, à mon avis, complètement déplacée. Les grèves n’ont jamais créé un seul emploi. Seules les discussions à la table des négociations donnent des résultats.
Le tunnel paraît très long. Mais avec du leadership, un sens des responsabilités et des actions énergiques, on peut espérer voir la lumière au bout. Cela signifie toutefois que nous devons trouver des solutions et agir fermement maintenant, sinon nous nous tirerons une balle dans le pied.