Budget fédéral : quelques notes positives dans une symphonie inachevée
Le gouvernement Vivaldi a géré la crise du coronavirus de manière particulièrement efficace. Notre économie est en plein redressement sans qu’on ait à déplorer d’innombrables faillites. De quoi soutenir le redressement du budget. Il faut reconnaître qu’il y a des points positifs dans le grand accord du gouvernement fédéral, qui vise à assainir et à relancer les finances de notre pays. Mais comme dans la 10e symphonie, récemment achevée, de Beethoven, on reconnaît la main et l’esprit du compositeur, mais on sait que l’œuvre n’est pas vraiment achevée. Examinons les différentes parties de la partition.
Marché du travail : quelques fausses notes
Il était simple de porter les pensions minimums à 1 500 EUR par mois. En revanche, le financement de cette mesure grâce à un taux d’emploi de 80% est très incertain. En effet, seules les mesures en matière d’e-commerce et de travail du soir/de nuit donneront effectivement du fruit et il est regrettable qu’elles soient renvoyées à une table ronde dont le déroulement est incertain.
« De bonnes intentions pour réformer le marché du travail. La suppression des entraves à l’e-commerce n’est pas encore pour demain ».
Quelles sont donc les fausses notes ? Le droit individuel à 5 jours de formation va beaucoup plus loin que ce qui avait été convenu dans l’accord gouvernemental et il réduit la formation un exercice purement mathématique. De plus, il va à l’encontre de l’autonomie sectorielle et de la liberté de réaliser une véritable culture d’apprentissage. Il n’est plus concevable aujourd’hui que le gouvernement s’ingère de manière centraliste et dirigiste dans l’organisation du travail, alors qu’il s’agit pourtant d’une prérogative de l’employeur. À cela s’ajoute la suppression du certificat médical qui permettra 3 jours d’absence par an sans justification. Cette mesure pourrait se comprendre si elle s’insère dans une vaste réforme visant à réduire l’absentéisme de courte durée et à éviter les abus. Mais comme mesure ad hoc, s’appliquant exclusivement aux entreprises de 50 travailleurs et plus, elle est un coup dans l’eau.
Investissements : le bon ton
La partie ‘investissements’ est dans le bon ton et met l’accent – contrairement à ce qui s’est fait ces 50 dernières années – sur des investissements productifs additionnels (s’ajoutant au plan d’investissement européen). Il s’agit d’investissements dont le rendement social et économique dépasse l’apport initial. Le budget mise sur les investissements écologiques et numériques et il prévoit la possibilité de collaborer avec le secteur privé. Les investissements productifs réalisés en collaboration avec le secteur privé garantissent un rendement plus élevé.
Politique énergétique : note cohérente
Il semble que le gouvernement ait réussi à consolider son projet de norme énergie, tout en répondant aux questionnements de la Commission européenne sur le système actuel. Les contributions et surcharges actuelles ou futures (comme le mécanisme de rémunération de la capacité ou CRM) sont transformées en accises tout en assurant le même niveau de prélèvements qu’actuellement pour chaque acteur. C’était un élément clé pour nous, Fédération des entreprises de Belgique. De plus, cette norme énergie doit éviter le dérapage de la facture de l’énergie et assurer la compétitivité de nos prix gaz et électricité par rapport aux pays voisins.
Évidemment, le financement de cette norme énergie nécessitera des budgets additionnels. La FEB insiste toutefois sur le fait que les décisions que le gouvernement prendra concernant la norme énergie ne peuvent entraîner une augmentation de l’indice santé.
Fiscalité : accorder les violons
Enfin, le gouvernement s’en tient à l’orthodoxie budgétaire. C’est une musique que nous aimons entendre. Mais le diable se cache dans les détails. Plusieurs mesures ont déjà été annoncées – comme la taxe sur les comptes titres – mais les nouvelles interventions peuvent poser problème ou demandent plus d’explications, comme le régime moins attractif pour les cadres étrangers (expats), la diminution de la cotisation spéciale de sécurité sociale et son financement à charge des dispenses de versement du précompte professionnel. Il faut nous donner le temps d’examiner les textes en profondeur avant de nous prononcer sur la partie fiscale de la symphonie. Ainsi, nous constatons déjà que les entreprises multinationales sont à nouveau considérées comme des vaches à lait budgétaires, malgré leur plus-value indispensable pour l’économie belge.