Le court terme a vécu (Olivier Legrain, IBA)

Dans Let’s Talk, la FEB vous fixe rendez-vous avec une figure clé du monde entrepreneurial en Belgique. Qui se cache derrière la femme ou l’homme chef d’entreprise ? Quel est le moteur qui la ou le pousse à faire tourner son activité 24h sur 24, 7j sur 7 ? La passion des chiffres, les gènes, l’ambition …? Let’s Talk vous propose de découvrir une personnalité du monde du business, devant et derrière les coulisses. L’invité de notre podcast est Olivier Legrain, à la tête d’IBA. IBA, pour ION BEAM APPLICATIONS, est une société spécialisée dans le matériel de diagnostic et de traitement du cancer par protonthérapie. Entré chez IBA en 1996, Olivier Legrain en est devenu responsable de la stratégie en 2011, puis CEO en 2012. La société cotée a pu maintenir le cap malgré un contexte difficile. Cela dit, il est rarement question de « résultats financiers » et de « dividendes » dans les propos d’Olivier Legrain. Le focus est clairement mis sur le « long terme » et l’« engagement ».

À l’origine était le cyclotron de Louvain-la-Neuve et le projet intuitif et visionnaire d’un de ses directeurs, Yves Jongen : commercialiser, en l’adaptant, cette imposante « machine » utilisée jusque-là exclusivement à des fins de recherche. Le chercheur belge est aux États-Unis (précisément à Berkeley) lorsque cette idée fait son chemin, mais c’est bien en Belgique qu’il a l’intention de la voir aboutir, en créant une entreprise de tout au plus… 15 personnes. C’était en 1986. Aujourd’hui, l’entreprise est présente sur 5 continents, compte 4 activités – dont la protonthérapie – et 1.528 collaborateurs, dont 800 sur le site de Louvain-la-Neuve.

 On est définitivement dans un monde de ‘et’ et non plus de ‘ou’”

 


Un engagement sociétal fort qui fait partie de l’ADN

IBA a toujours bénéficié d’une raison d’être fantastique, en protégeant et en sauvant des vies. Mais au-delà de ce qui fait son cœur de métier, dans le monde de demain, ce ne sera plus suffisant. Olivier Legrain en est convaincu : il faudra continuer à le faire tout en maximisant la valeur sociétale et en minimisant l’impact sur l’environnement. Les entreprises peuvent jouer – jouent déjà – un rôle positif dans la réponse aux grands défis sociétaux et environnementaux.

IBA a inscrit dans ses statuts que ses objectifs « incluent le fait d’avoir, dans le cadre de l’exercice de ses activités, un impact positif significatif sur toutes ses parties prenantes (ses ‘stakeholders’), notamment les patients, ses actionnaires, ses employés, ses clients, la société et la planète ». Comment fait-on, quand on est une société cotée (IBA a fait son entrée à la Bourse de Bruxelles en 1998) et suivie de près par les marchés, pour veiller à l’équilibre entre les parties prenantes ? Pour Olivier Legrain, la réponse est simple : performances financière, environnementale et sociétale convergent en une seule et même synergie. Il n’y a pas de contradiction. « On est définitivement dans un monde de ‘et’ et non plus de ‘ou’. On ne choisit plus entre le ‘profitable’, le ‘bon pour l’environnement’ ou le ‘bon pour ses employés’. L’histoire purement capitalistique du profit à court terme fait place – c’était déjà vrai hier, mais cela ne fait que se renforcer – à la nécessité d’un équilibre entre les intérêts des parties prenantes. Cet équilibre, il est bon d’un point de vue et éthique et business, car il revient à mieux gérer les risques, à anticiper les changements, à se rendre attractif en tant qu’employeur pour les générations Y et Z, qui ont d’autres aspirations sociétales et de carrière. »

Le différenciant « innovation » permet d’éviter la bagarre sur les prix

IBA, qui consacre près de 10% de son chiffre d’affaires à la R&D (30 millions EUR chaque année), n’est pas le seul acteur en protonthérapie sur le marché mondial. La société a en face d’elle deux concurrents de taille : l’américain Varian, racheté récemment par Siemens, et le japonais Hitachi. Mais IBA reste leader, avec plus de 50% de parts de marché. Grâce à l’innovation. Et plus particulièrement grâce à la mise au point d’un système compact de traitement qui, contrairement aux systèmes conventionnels de protonthérapie en salles multiples, peut se faire dans une salle unique facile à installer et à implémenter. « Le Total Cost of Ownership s’en trouve significativement diminué. Car c’est non seulement le coût de l’équipement même qui est moindre, mais les autres postes du projet – bâtiment, etc. – suivent. » Un deuxième atout face à la concurrence est la vitesse d’exécution : IBA dispose de deux fois plus de centres installés que le concurrent le plus proche. Tous les centres sont connectés à de l’intelligence artificielle, permettant ainsi d’avancer plus vite sur la ‘maintenance prédictive’, et donc par exemple sur l’anticipation des pannes. « Grâce à l’innovation, on est dans un cercle vertueux qui nous permet d’éviter la bagarre sur les prix. »

Attirer les meilleurs talents

« On réalise des solutions technologiques fantastiques, mais on n’est probablement pas les meilleurs pour les vendre. C’est peut-être dans le positionnement marketing qu’il y a la plus grande possibilité de développement chez IBA, en dehors de son vivier traditionnel : ingénieurs, physiciens cliniques, techniciens mécaniques et IT. On recherche donc aussi des talents pour raconter l’histoire d’IBA. Avec honnêteté. Pour être mieux armés face aux machines de guerre que sont nos compétiteurs d’un point de vue marketing… ». Au printemps 2021, IBA s’est vu décerner le label B-Corp (un jeune label qui certifie des sociétés commerciales en fonction d’exigences sociétales, environnementales et de gouvernance). Elles ne sont que 4.000 dans le monde, dont 600 à peine en Europe, à l’avoir obtenu. IBA voit dans cette reconnaissance un véritable tremplin pour attirer de nouveaux talents : « B-Corp est un signal fort de notre volonté de joindre le geste à la parole et d’‘opérationnaliser’, d’intégrer concrètement dans notre business model notre contribution aux Objectifs de développement durable des Nations unies. »

Écoutez l'intégralité du podcast… via Spotify ou Apple Podcasts

 


Bloquez dès à présent dans votre agenda la date du prochain podcast Let's Talk de la Fédération des entreprises de Belgique. Notre invité sera Denis Geers. Avec son frère, il dirige le groupe d'impression familial Graphius, un acteur européen majeur. L’entreprise emploie quelque 450 personnes et réalise un chiffre d'affaires d'environ 100 millions. Un beau résultat dans un secteur qui a vu disparaître 40% de ses entreprises depuis la crise financière. À écouter le jeudi 24 février 2022.

 

Our partners

Business Issues

An optimum business environment is vital for a sound economy and sustainable growth. FEB aims to help create and maintain such an environment by, among other things, closely monitoring all issues of direct relevance to businesses. Here, grouped into 17 themes, are the issues on which FEB focuses most of its attention and action.


newsletters and press releases

Subscribe now and receive every week the latest articles directly in your mailbox