Une prolongation du nucléaire … suffisante ?

Le lundi 9 janvier, l’annonce attendue d’un accord entre ENGIE et le gouvernement fédéral est tombée. Les deux protagonistes ont trouvé un accord (le 21 juillet 2022, il s’agissait d’une lettre d’intention) sur la prolongation de Doel 4 et de Tihange 3, les deux réacteurs nucléaires belges les plus récents. C’est là un  signal rassurant pour le monde des entreprises.


Pieter Timmermans, CHIEF EXECUTIVE OFFICER
18 January 2023

Un accord attendu depuis longtemps … trop longtemps

Cet accord est une bonne chose, même s’il doit encore être précisé sur des points importants et si l’on regrette que les gouvernements fédéraux (ce gouvernement-ci et le précédent) se soient réveillés beaucoup trop tardivement. Moyennant une entente sur une série de points clés encore à discuter, nous devrions assister, d’ici aux grandes vacances, à la création d’une société 50-50 Engie-État belge pour gérer les deux réacteurs prolongés (l’exploitation même étant du ressort d’ENGIE). Cette prolongation en toute sécurité (sous la supervision de l’AFCN, le gendarme de la sûreté nucléaire) est de bon augure. Pour le climat : pas de CO2 lors de la production d’électricité, pour une augmentation des déchets radioactifs – de catégorie C - de 4%. Pour la sécurité d’approvisionnement :  diversification, plus forte indépendance énergétique … Et enfin, comme moyen de pression à la baisse sur les prix. Sur ce dernier point, la prolongation des réacteurs n’empêche pas la discussion nécessaire à mener sur le marché de l’électricité et sur le cadre dans lequel il opère (éléments à retirer et/ou à rajouter).

D’incertitude à certitude précautionneuse ?

Une partie de l’accord concerne la gestion des déchets radioactifs. Si le mode de gestion des déchets faiblement radioactifs est connu, celui des déchets à la durée de vie plus longue ou plus radioactifs doit encore faire l’objet d’approfondissements. En effet, une décision de principe a été prise, à savoir celle du stockage en profondeur en Belgique, mais les modalités concrètes de ce stockage en profondeur (choix du sous-sol, du site, des conditions de stockage …) doivent encore être définies. Ceci laisse l’exploitant des centrales dans une grande incertitude. Aujourd’hui, avec cet accord, c’est un « cap », un plafond financier qui est sur la table pour la gestion de ces déchets. Ce cap doit intégrer des primes de risques très importantes. La facture risque donc d’être lourde mais elle offre un avantage appréciable : la certitude pour l’exploitant, comme cela serait d’ailleurs le cas pour tout acteur industriel. Si, par la suite, des solutions moins coûteuses devaient être identifiées, ce serait « tout profit » pour l’État belge. L’inverse est vrai également mais, comme mentionné, des marges ont été prises. En outre, une fois les différents éléments finalisés, l’État sera peut-être enclin à envisager une solution de collaboration avec d’autres pays en matière de gestion des déchets.

What’s next ?

À court terme, il s’agit de finaliser les discussions. On le sait : le diable se cache dans les détails … détails à hauteur de centaines de millions EUR dans le cadre de la gestion des déchets radioactifs. Mais nous voulons aussi penser plus loin, à plus long terme. Le prochain gouvernement devrait envisager la prolongation de Doel 4 et de Tihange 3 pour 20 ans au lieu de 10 et/ou, si possible, la prolongation de Tihange 1. Cela permettrait de prolonger les avantages du nucléaire et de faire plus facilement le lien avec les capacités à soutenir et à développer dès aujourd’hui.

Car la suite, le gouvernement doit la préparer dès aujourd’hui. Certes, il a été actif au niveau des éoliennes offshore et de l’hydrogène, pour ne citer que ces deux domaines. Il a même alloué un budget de 100 millions EUR sur 4 ans au SCK CEN pour des études « sur les SMR », ces nouveaux types de petits réacteurs nucléaires aux multiples avantages. Avec pour objectif d’identifier le type de réacteur SMR le plus intéressant pour la Belgique. À cet égard, Etats-Unis, Canada, Chine, France, Royaume-Uni et même les Pays-Bas ont dégagé des moyens et attirent les connaissances, les « brains » mondiaux (notamment belges) chez eux. Que fait la Belgique ? Et le fait-elle assez vite et assez fort ? La loi actuelle, qui sera adaptée pour la prolongation de Doel 4 et Tihange 3, empêchant toute nouvelle exploitation nucléaire n’est-elle pas un frein à de telles dynamiques dans notre pays ? La Belgique ne peut être à moitié éveillée sur le sujet, elle doit rapidement mobiliser toutes ses forces … et il y a de nombreuses expertises reconnues dans notre pays.

Un atout dans notre mix énergétique

L’accord conclu début 2023 s’inscrit totalement dans notre vision énergétique et représente un atout dans notre mix énergétique. Même si ce n’est que très partiellement que l’État reprend « le contrôle de son destin énergétique » comme le soulignait le Premier ministre, il s’assure, via cet accord, un rôle plus actif dans la production d’électricité dans le pays. Mais il serait bien avisé, dès aujourd’hui, de regarder plus loin en matière de nucléaire et d’ouvrir la porte aux SMR. La fermer aujourd’hui ne pourra qu’hypothéquer notre avenir.

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