Transition énergétique : des accords clairs offrent les meilleures garanties
ArcelorMittal, à Gand, est un exemple typique de l’engagement total de l’industrie manufacturière dans la transition vers une production neutre en carbone. Je l’ai vu de mes propres yeux lors d’une récente visite de travail.
L’entreprise sidérurgique investit plus d’un milliard EUR pour rendre ses aciéries plus durables, notamment pour incorporer davantage de déchets dans son processus de production, réduire ses émissions en remplaçant le carbone fossile par des déchets de bois non recyclables, maximiser la récupération de la chaleur résiduelle et miser sur l’électrification. Les quatre bioréacteurs qui transforment les gaz résiduels des hauts fourneaux en biocarburant sont un bel exemple de son savoir-faire. Ils permettent de produire 80 millions de litres d’éthanol durable par an. Outre la volonté du géant de l’acier de réduire ses émissions de CO2, voire de devenir neutre en carbone d’ici à 2050, nous avons également appris à quel point il est difficile de réaliser des investissements aussi importants dans un climat d’insécurité juridique.
First things first
La semaine prochaine, la COP27, la 27e conférence des Nations unies sur les changements climatiques, débutera en Égypte. Et, ici et là, on entend dire que l’Europe devrait faire plus encore. A-t-on déjà oublié que l’Union européenne avait décidé, en juin 2021, de réduire ses émissions de 55% d’ici à 2030 et d’être le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050 ? À l’époque déjà, l’Europe avait, une fois de plus, pris l’initiative avec sa politique climatique et son ambition est considérée comme un exemple pour le reste du monde.
Les objectifs de l’Europe sont ambitieux... mais que faut-il encore faire pour que les autres pays du monde suivent ? C’est la question qui doit être au cœur des débats aujourd’hui. Les faits montrent que l’Europe prend les choses au sérieux. Les discussions sur le paquet ‘Fit for 55’ atteignent leur vitesse de croisière, avec 20 propositions politiques visant à mettre en pratique l’objectif de réduction de 55% des gaz à effet de serre d’ici à 2030.
Ne mettons donc pas la charrue avant les bœufs, mais concentrons-nous sur la mise en œuvre de ces mesures. First things first. En effet, il n’est possible pour personne, et certainement pas pour le monde industriel, que les objectifs, les délais et les règles changent à tout bout de champ. Au contraire, cela nuit à la sécurité juridique et donc à l’envie d’investir dans des processus et des modèles nouveaux ou adaptés.
« Sans sécurité juridique et sans innovation, nous ne pourrons jamais réaliser nos ambitions climatiques »
L’industrie soutient la transition
L’appel à des efforts supplémentaires de la part de l’industrie montre clairement que beaucoup de personnes associent encore ‘industrie’ à ‘pollueurs’. Dans un passé lointain, c’était probablement vrai, mais aujourd’hui, l’industrie moderne réalise plus que jamais des efforts et des investissements pour minimiser sa consommation d’énergie et ses émissions afin de réduire son impact négatif sur l’environnement et le climat. Ainsi, au niveau européen, les entreprises ETS ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 43% entre 2005 et 2020. Comme nous l’a appris la visite chez ArcelorMittal, l’industrie manufacturière est intrinsèquement motivée pour (aider à) réaliser la transition énergétique nécessaire. En contrepartie, elle demande au gouvernement des règles de jeu claires. En effet, le succès de la transition énergétique est directement proportionnel à la sécurité juridique.
La sécurité juridique est un must
Je réitère donc l’appel que j’ai lancé au gouvernement il y a quelques mois : veillez à une réglementation qui garantisse notre sécurité d’approvisionnement énergétique et la disponibilité de suffisamment de combustibles liquides et gazeux à faible teneur en carbone et neutres à des prix compétitifs. Ne laissez pas s’enliser des projets tels que les liaisons haute tension ‘Ventilus’ et ‘Boucle du Hainaut’. Travaillez à l’élaboration d’une vision ambitieuse, intégrée et réalisable pour l’avenir de nos réseaux énergétiques et de l’économie circulaire du carbone. Enfin, sachez que transition rime avec innovation. Ne démantelez pas les mécanismes de soutien ; au contraire, renforcez-les davantage. Car sans innovation, nous ne serons jamais en mesure de réaliser nos ambitions climatiques, quels que soient les cris d’alarme du monde extérieur.