La COP27 n’a pas apporté ce que nous espérions
Pendant deux semaines, des spécialistes du climat de près de 200 pays se sont réunis à Charm-El-Cheikh pour la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27). Bien que les réunions aient duré deux jours de plus que prévu, le résultat final reste très décevant.
Revenons tout d’abord un an en arrière, à la précédente conférence sur le climat, la COP26, à Glasgow. Un accord y avait été conclu, prévoyant de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Parce qu’avec un réchauffement de 2°C, les conséquences pour les personnes, l’environnement et le climat seraient beaucoup plus importantes et plus dramatiques qu’à 1,5°C. Après l’accord de Paris en 2015, c’était enfin un résultat encourageant pour la politique climatique mondiale. Via cet accord, tous les pays montraient qu’ils avaient compris la nécessité de ralentir le réchauffement de la planète.
Points d’attention de la FEB pour la COP27
En préparation d’une conférence sur le climat, le Service fédéral Changements climatiques organise une réunion des parties prenantes afin d’écouter les points d’attention et les priorités de chacun. Pour la COP27, la FEB a mis en avant les points suivants :
- À l’instar de l’UE, d’autres pays doivent revoir à la hausse leurs ambitions en matière de climat pour combler l’écart entre l’objectif de 1,5°C convenu à Glasgow et le résultat des efforts promis actuellement qui amèneraient, s’ils sont respectés, à une augmentation de 2,5°C de la température.
- La distinction existante entre les pays développés et les pays en développement (techniquement les pays de l’annexe I et les pays non-annexe I) héritée du protocole de Kyoto devrait disparaître. En effet, parmi les pays non visés par l’annexe I à qui on demande des efforts se trouvent des pays qui ont la possibilité de contribuer financièrement à la politique climatique mondiale et qui doivent réduire d’urgence leurs émissions (ex. la Chine).
- Des accords doivent être conclus pour éliminer progressivement et définitivement l’utilisation du charbon.
Dans la perspective de la conférence sur le climat, il est apparu clairement que les « pertes et dommages » deviendraient également un point clé de l’ordre du jour. C’est le terme utilisé pour désigner la demande des pays en développement de trouver une solution pour les dédommager des conséquences qu’ils subissent du fait des changements climatiques.
Accord déséquilibré
L’accord de la COP27 stipule qu’au cours des prochains mois, des accords devraient être conclus sur la manière dont le système de pertes et dommages sera concrètement élaboré et comment son financement sera assuré. En revanche, l’absence d’accords sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, sur le moment où les pays doivent revoir leurs ambitions climatiques à la hausse ou sur l’abandon progressif du charbon et des autres combustibles fossiles contraste fortement avec cette situation. L’accord est donc une grande déception.
Processus décisionnel peu transparent
La FEB a assisté à la COP en tant qu’observateur, mais, malgré cela, la manière dont cet accord a été conclu reste très floue. L’UE a élaboré une proposition relative aux « pertes et dommages » selon laquelle les pays qui les financent peuvent décider eux-mêmes des pays et des projets auxquels leurs fonds sont destinés. Il s’agit d’éviter que l’argent aille en Chine, par exemple. Toutefois, les pays africains ont exigé la création d’un fonds dans lequel les pays donateurs déposeraient de l’argent, après quoi les pays en développement (et donc aussi la Chine) décideraient de la destination de cet argent. Les pays africains ayant exclu un accord sans fonds, l’Europe a fini par accepter un tel fonds, mais à la condition que l’accord comprenne des engagements clairs en matière de réduction des émissions et que certains pays émergents cofinancent le fonds.
Et bien que l’UE ait menacé à un moment donné de quitter les négociations, elle a accepté, dans les dernières heures de la COP27, un accord qui ne contient pratiquement aucune de ces conditions. La raison de cette décision n’est pas du tout claire. En tant que présidente de la COP, l’Égypte n’était-elle pas neutre et n’écoutait-elle que les pays africains ? Ou bien l’UE a-t-elle conclu que l’absence d’accord serait encore pire pour le climat qu’un mauvais accord qui parle principalement de « pertes et dommages », mais pas de réduction des émissions ?
COP28
La COP de l’année prochaine sera une nouvelle opportunité pour aborder les ambitions de réduction de gaz à effet de serre au niveau mondial. Mais entre-temps, une autre année s’écoule, au cours de laquelle de nombreux pays ne réduiront pas leurs émissions et pourraient même les augmenter. Espérons que les acquis au niveau « pertes et dommages » permettra de conclure des accords sur la manière de réduire les émissions et de limiter le réchauffement de la planète.