L’inflation toujours en forte hausse en février 2022
Selon les derniers chiffres publiés par l'office belge de statistique Statbel, l’indice des prix à la consommation a atteint un niveau de 119,07 au mois de février 2022 (base 2013 = 100). En base annuelle, cela représente une croissance des prix à la consommation de plus de 8% ! Un tel taux n’avait plus été observé depuis l’année 1983, soit il y a près de 40 ans.
Cette poussée d’inflation est principalement due à l’augmentation des prix de l’énergie (en base annuelle, +138,3% pour le gaz naturel, +72,8% pour l’électricité, +57,6% pour le fioul domestique, +26,8% pour le diesel et +26,0% pour l’essence). L’augmentation des prix pour ces cinq seuls produits contribue pour 6,34 points de pourcentage dans les 8,04% d’inflation mesurée ou, pour le dire autrement, est responsable de plus de 78% de l’augmentation actuelle de l’indice des prix à la consommation.
L’indice santé, utilisé notamment pour l'indexation des loyers, et l’indice santé lissé, servant de base à l’indexation des pensions, des allocations sociales et des salaires enregistrent également des augmentations de prix en accélération respectivement à 7,6% et 6,2%.
Une évolution croissante de l’inflation dans un contexte des plus incertains
Au moment d’écrire ces lignes, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’inflation sont encore très difficiles à quantifier. Selon les dernières prévisions du Bureau fédéral du Plan (BFP), qui datent du 1er mars 2022 et qui tiennent compte des réactions des marchés financiers à la guerre en Ukraine jusqu'au 25 février 2022, l’inflation resterait supérieure à 6% jusqu’au mois de septembre 2022, pour ensuite revenir aux alentours de 2% vers le début de l’année 2023 (cf. graphique). En ce qui concerne l’indice santé lissé, le BFP s’attend désormais à ce qu’il augmente de 7,7% au total pour 2021 et 2022. Toutefois, comme le reconnaît le BFP, ces prévisions sont entourées de beaucoup d’incertitude et les hypothèses qui les sous-tendent sont particulièrement volatiles.
Prévisions d’inflation de mars 2022 du Bureau fédéral du Plan (taux de croissance en base annuelle)
Sources : Statbel et BFP.
Les entreprises sont, elles aussi, lourdement impactées par la hausse des prix
Nous le rappelons régulièrement, nos entreprises font face depuis plusieurs mois à de nombreuses difficultés : augmentation des prix de l’énergie, persistance de problèmes d’approvisionnement, hausse du coût des matières premières et des matériaux (selon Statbel, les prix à la production dans le secteur industriel ont augmenté de plus de 52% entre mai 2020 et janvier 2022) et pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs économiques. À ces difficultés, s’ajoutent à présent les conséquences de la guerre en Ukraine dont les impacts économiques pourraient être encore plus importants en termes d’inflation que ce qu’on a pu observer ces derniers mois.
Le gouvernement prend progressivement conscience de l’ampleur de cette crise inflationniste et intervient pour protéger les ménages les plus vulnérables (par exemple, en baissant la TVA sur l’électricité et le gaz, en élargissant le tarif social pour l’électricité et le gaz…). La FEB s’en réjouit mais appelle à ne pas oublier les entreprises. La situation actuelle n’est plus tenable et pousse nombre d’entreprises à répercuter les hausses des coûts dans leurs prix de vente. Si nos entreprises ne sont pas aidées pour traverser cette crise, ces poussées d’inflation vont rapidement se propager à toute une série de biens et de services de la vie quotidienne alimentant par la même le problème de l’inflation.
Analyser aussi la situation au regard de la compétitivité des entreprises belges
Et pour la compétitivité des entreprises ? Face à un phénomène général d’augmentation des prix touchant tant nos entreprises que les entreprises étrangères, la compétitivité des unes vis-à-vis des autres n’en est pas nécessairement mise à mal. Par contre, cela devient le cas si les hausses des prix, d’une part, ont plus d’impact en Belgique que dans les autres pays (ce qui est actuellement le cas) et, d’autre part, enclenchent via le système d’indexation automatique une spirale d’augmentation « prix-salaires » avec pour conséquence des augmentations de prix et de salaires supérieures à celles observées chez nos voisins.
Notre handicap salarial absolu vis-à-vis de nos trois principaux partenaires commerciaux que sont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas a été ramené à un peu plus de 10% au cours de la dernière décennie. Il pourrait toutefois fortement se dégrader dans les mois et années à venir. Selon le Rapport technique intermédiaire publié le 10 février 2022 par le Conseil central de l’économie (CCE), fin 2022, la Belgique augmenterait déjà son handicap des coûts salariaux de 1,2%. Or ce chiffre a été estimé dans un scénario macroéconomique optimiste, lequel n’intègre pas les évolutions récentes des prix depuis décembre 2021 et leurs effets considérables sur l’économie.
Si rien n’est fait, cette crise d’inflation risque de se transformer en une crise de compétitivité avec, à la clé, des pertes de parts de marché, des faillites et des pertes d’emplois.
FEB – C’est pourquoi la FEB demande aux partenaires sociaux et au gouvernement de réfléchir d’urgence aux mesures complémentaires possibles à prendre pour contrer au mieux cette vague d’inflation mais également pour sauvegarder la compétitivité de nos entreprises.
Photo ©belga