Le bulletin DESI de la Belgique ? ‘Peut mieux faire !’
Le Digital Economy and Society Index (DESI*) vient de publier son rapport annuel… La Belgique n’a pas de quoi se vanter de son nouveau bulletin. Si elle n’est pas dernière de la classe, ses notes sont malgré tout inférieures aux précédentes. Rétrogradée à la 12ᵉ position, alors qu’elle occupait encore la 9e place dans le rapport précédent, elle présente des résultats contrastés.
Le capital humain
Dans le monde de plus en plus digital que nous connaissons, il n’est une surprise pour personne que les employeurs de l'UE recherchent de plus en plus de spécialistes des TIC et de personnel avec des compétences numériques suffisantes. On observe d’ailleurs un peu partout en Europe une augmentation des diplômés dans ces domaines. L'Estonie (8%), l’Irlande (7,8%) et la Finlande (7,4%) occupent fièrement le premier banc. La Belgique, elle, fait partie des élèves du fond, à côté de l'Italie, du Portugal et de Chypre. Tous les 4 affichent la plus faible proportion de diplômés en TIC (moins de 3%).
On peut par contre se réjouir du fait que la Belgique présente la proportion la plus élevée d'entreprises employant des spécialistes des TIC, avec 30% (tout comme l’Irlande), contre une moyenne européenne de 19%. Les entreprises belges (33%) forment aussi de plus en plus leur personnel aux TIC (pour mettre à jour leurs compétences) (contre 20% en moyenne dans l’UE).
Intégration des technologies numériques
Un autre bon point concerne l’intégration des technologies numériques – c’est-à-dire le passage des entreprises au numérique et l’utilisation du commerce en ligne – qui reste un des points forts de la Belgique. Elle occupe la 6e place du classement. En 2020, 75% des PME belges présentent au moins un niveau élémentaire d’intensité numérique (moyenne EU : 60%) et 24% profitent des opportunités qu’offre l’e-commerce (alors que seuls 17% des PME européennes vendent en ligne). En outre, 43% de l’ensemble des entreprises belges utilisent le ‘cloud’ (contre 26% en moyenne dans l’UE).
Les entreprises belges obtiennent par contre des résultats légèrement inférieurs à la moyenne européenne en termes d’utilisation de l’IA (24% contre 25%) et de la facturation électronique (25% contre 32%). Elle fait aussi moins bien sur l’indicateur ‘TIC pour la durabilité environnementale’ qui évalue la mesure dans laquelle les TIC adoptées par les entreprises les aident à être plus respectueuses de l’environnement (ex: consommation moindre d’énergie ou de matériaux). Avec 56%, la Belgique se place sous la moyenne européenne (66%).
Services publics numériques
La Belgique occupe la 17e place en matière de services publics numériques et se situe donc en dessous de la moyenne de l’UE. C’est surtout dans le domaine des services publics numériques pour les citoyens qu’elle affiche de moins bons résultats (71% contre 75%). Elle obtient en revanche des résultats très légèrement supérieurs à la moyenne de l’UE en ce qui concerne les utilisateurs de l’administration en ligne (66% contre 64%) et les services publics numériques pour les entreprises (85%, contre 84% pour la moyenne de l’UE).
Connectivité
La Belgique affiche un bon niveau d’adoption du haut débit d’au moins 100 Mbps, puisqu’elle occupe la 6e place dans l’UE. Néanmoins, la Belgique accuse toujours un retard en matière de 5G, tant en ce qui concerne la préparation que la couverture (3%, contre 51% en moyenne). La mise aux enchères de plusieurs bandes de 5G prévue pour le début de l’année 2022 et la révision des normes régionales relatives à l’exposition aux champs électromagnétiques devraient débloquer la situation.
FEB – La Belgique doit donc se retrousser les manches ! L’un des principaux problèmes auxquels les entreprises restent confrontées dans leur transformation numérique est l’inadéquation des compétences, ce qui limite leur capacité à innover et à tirer parti de l’innovation. Nous devons amplifier les initiatives de sensibilisation et de formation envers les étudiants et demandeurs d’emploi. En outre, les TIC adoptées par les entreprises n’aident pas encore ces dernières à réduire leur impact sur l’environnement. Notre pays doit donc miser sur la ‘twin transition’. En dessous de la moyenne européenne pour l’IA, la Belgique doit aussi intensifier les programmes qui soutiennent son adoption. Enfin, notre pays doit poursuivre le développement des services publics numériques, véritable levier pour une numérisation à tous les niveaux de la société. Il faudra investir en se donnant les moyens de ses ambitions.
Source : Rapport DESI BE
(*) Le DESI est composé de 35 indicateurs structurés en cinq composantes interdépendantes: la connectivité (haut débit fixe, haut débit mobile, vitesse de connexion et tarifs), le capital humain (compétences numériques élémentaires et avancées), l’utilisation des services internet (taux d’utilisateurs, activités et contenu, transactions en ligne), l’intégration de la technologie numérique (passage des entreprises au numérique, commerce en ligne) et les services publics numériques (utilisateurs de l’administration en ligne, étendue des services en ligne, données ouvertes)