Focus Conjoncture de la FEB : perspectives plus sombres pour la croissance économique et la création d’emplois
Deux fois par an, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) interroge ses fédérations sectorielles pour mesurer la température économique. Sur la base de cette enquête, elle dresse le bilan de la situation économique belge et des prévisions pour le semestre à venir. Les résultats de l’enquête menée montrent que dans un contexte d’incertitudes nationales et internationales importantes, le début de cette nouvelle décennie s’annonce plutôt difficile sur le plan économique. Nos fédérations et entreprises nous ont fait part d’une détérioration de l’activité économique lors du semestre passé et notre baromètre conjoncturel pour l’avenir est descendu à son niveau le plus bas depuis la crise des dettes souveraines en 2011-2012.
Activité économique : l’attentisme fait place au pessimisme
En ce qui concerne les six prochains mois, l’« attentisme » de notre précédente enquête a fait place au pessimisme. En effet, le pourcentage de secteurs qui s’attendent à une baisse de l’activité a augmenté, de 22% en mai à 41% en novembre. Dans le même temps, le nombre de secteurs optimistes a diminué, de 22% en mai à 14% en novembre. Ce sont surtout les secteurs industriels, l’intérim et le commerce qui sont les plus pessimistes. Dans les secteurs de la construction et des TIC, par contre, le niveau d’activité reste à un niveau élevé.
Les investissements se maintiennent malgré des perspectives économiques moroses
Point positif révélé par notre enquête : deux tiers de nos secteurs comptent maintenir leur dynamique d’investissement au cours des 6 prochains mois. Ils doivent en effet continuer à investir pour faire face aux défis de la digitalisation et du verdissement de l’économie. En témoigne également le fait que l’innovation reste de loin le motif d’investissement le plus important (77%). Dans le même temps, un peu moins de la moitié de nos secteurs indiquent que des économies de main-d’œuvre demeurent un motif important pour les investissements. Le problème de notre handicap salarial vis-à-vis des 3 pays voisins (11%) reste donc bel et bien présent et pèse sur les perspectives d’emploi.
Emploi : nette dégradation des perspectives d’emploi
En effet, les perspectives d’emploi se sont fortement dégradées au cours des six derniers mois. Lors de l’enquête de mai dernier, la majorité de nos secteurs (70%) s’attendaient encore à un maintien de l’emploi et 18% à une baisse. Désormais, 50% de nos secteurs s’attendent à une baisse dans les 6 prochains mois. Et ils ne sont plus que 36% à s’attendre à un maintien de l’emploi.
Croissance économique : une croissance qui pourrait retomber de 1,3% en 2019 à 0,9% en 2020
Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie belge ralentisse encore quelque peu en 2020, jusqu’à atteindre 0,9%. Il s’agit du niveau le plus bas enregistré depuis 2013 et d’environ la moitié de la croissance moyenne de la période 2014-2018. La croissance de l’emploi dans le secteur privé devrait également ralentir, ce qui pourrait mettre un terme à la baisse du taux de chômage.
Situation budgétaire compliquée
Depuis la chute du gouvernement Michel en décembre 2018, le déficit budgétaire se creuse à nouveau rapidement (2% du PIB durant la première moitié de 2019 contre 0,1% du PIB sur la même période en 2018) et l’absence de gouvernement ne permet pas d’ajuster les dépenses sociales, alors que celles-ci sont à nouveau en train de déraper, tout comme durant la période sans gouvernement en 2010-2011.
Et maintenant ?
« Le gouvernement qui doit encore être formé au niveau fédéral sera confronté à des défis majeurs : continuer à faire progresser le taux d’emploi alors que la croissance de la demande de main-d’œuvre commence à faiblir, récupérer le contrôle des finances publiques, et en particulier des dépenses, tandis que la plupart des partis politiques ont promis une hausse des pensions et/ou une baisse des impôts, et réaliser un changement de cap important dans la politique climatique alors que les finances publiques laissent peu de marge pour des investissements verts. Saper la compétitivité de nos entreprises, ne pas prendre de décision concernant le futur mix énergétique ou encore réduire ou rendre plus difficile la flexibilité nécessaire dans l'organisation du travail de nos entreprises enverrait un signal totalement erroné », conclut Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB.
Voici le lien vers la présentation.