La position concurrentielle des entreprises belges est menacée : Houston, we have a SERIOUS problem !
Le Secrétariat du Conseil central de l’économie (CCE) a publié aujourd’hui son Rapport technique intermédiaire pour la période AIP 2021-2022. Sur la base des prévisions d’inflation de décembre de la Banque nationale de Belgique (BNB), ce rapport table sur l’apparition d’un handicap des coûts salariaux par rapport à 1996 de 1,2% en 2022. Sans la marge de sécurité de 0,5% qui a été prise en compte, ce chiffre serait même de 1,7%. En outre, les chiffres récents de l’inflation sont beaucoup plus mauvais que prévu en décembre, de sorte qu’en réalité, le handicap en 2022 (sur la base des prévisions d’inflation de février du Bureau fédéral du plan (BFP)) s’élèvera à environ 2%. Ces résultats sont un signal d’alarme important pour ceux qui ne sont pas encore convaincus que la hausse de l’inflation peut avoir de graves conséquences.
Que nous apprend ce rapport ?
Une inflation beaucoup plus élevée que prévu
Sur la base des prévisions d’inflation et d’indexation de la BNB de mi-décembre (tenant compte de l’inflation jusqu’en novembre), le CCE arrive déjà à la conclusion que les indexations dépasseront les prévisions de 2,5% en Belgique en 2022 (4,2% au lieu de 1,7%).
Si l’on tient également compte de la poursuite du dérapage de l’indice santé en décembre et janvier par rapport au scénario prévu par la BNB (la prévision d’indexation du BFP pour 2022 atteignait déjà 4,8% en février), la sous-estimation de l’indexation se chiffre même à 3,1%. De plus, la dérive salariale dépasse les prévisions de 1,1%. Au total, les augmentations des salaires en Belgique en 2022 sont donc sous-estimées à hauteur de 4,2%.
Les augmentations salariales des pays voisins n’atteignent pas un niveau aussi élevé qu’en Belgique
Par ailleurs, les chiffres du CCE montrent que les coûts salariaux augmenteront un peu plus que prévu (+1,9%) dans les trois pays voisins en 2020-2022 principalement en raison d’une augmentation plus forte que prévu des salaires en France, où une compensation limitée du pouvoir d’achat interviendrait par le biais du SMIC. En revanche, en Allemagne et aux Pays-Bas, on ne prévoit pas ou peu d’adaptations des salaires afin de compenser la hausse de l’inflation en 2022.
Notre handicap salarial augmentera d’environ 2% en un an !
Au total, les entreprises belges devraient ainsi voir leur compétitivité des coûts se détériorer de 2,3% (4,2% - 1,9%) en 2022. Il est donc clair que la marge de sécurité pour les erreurs de prévision (0,5%) s’avérera largement insuffisante et que nous nous dirigeons vers une augmentation d’environ 2% du handicap salarial de nos entreprises en un an.
De plus, ces derniers mois, les chiffres de l’inflation divergent fortement entre la Belgique (IPCH de 8,5% en janvier), les Pays-Bas (7,6%), l’Allemagne (5,1%) et la France (3,3%). Une éventuelle compensation partielle du pouvoir d’achat dans nos pays voisins en 2023 et 2024 entraînera en tout cas des augmentations salariales beaucoup plus faibles qu’en Belgique, où par le jeu de l’indexation automatique des salaires, toute compensation aura un impact direct et total sur un taux d’inflation beaucoup plus élevé.
« Force est donc de constater aujourd’hui : ‘Houston, we have a serious problem’. Nous appelons dès lors à une concertation urgente avec les partenaires sociaux et le gouvernement pour traiter ce problème rapidement et préventivement. Le mécanisme de correction intermédiaire prévu aux articles 11, 12 et 13 de la loi de 1996 constitue déjà un point de départ solide pour ce faire », déclarent les organisations patronales réunies au sein du CCE.
Photo ©belga