À chacun sa part

Il y a plus de 40 ans, la Belgique dévaluait le franc belge. Le scénario économique de l’époque est effroyablement similaire à celui que nous connaissons actuellement. Entre 1974 et 1982, une énorme tempête s’est abattue sur le paysage économique belge. L’inflation élevée a fait exploser les prix des marchandises, le déficit budgétaire a atteint des niveaux sans précédent et la compétitivité de nos entreprises s’est effondrée. Beaucoup ont alors pensé : nous allons protéger le consommateur/l’électeur grâce à l’indexation automatique et répercuter le coût de la crise sur les entreprises et les pouvoirs publics, et le problème sera réglé. Jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’une telle politique fait sombrer les entreprises et fait perdre emploi et revenu au consommateur/électeur. Et en fin de compte, il a fallu dévaluer le franc belge de plus de 8% en 1982.


Pieter Timmermans, CHIEF EXECUTIVE OFFICER
05 April 2022

L’histoire se répète aujourd’hui. D’abord nier le problème, puis le minimiser. Aujourd’hui, la réalité émerge peu à peu. Cette semaine, la Banque nationale de Belgique a revu à la baisse ses estimations de croissance à 2,4% pour 2022, 1,5% pour 2023 et 1,9% pour 2024, contre respectivement 2,6%, 2,4% et 1,6% dans les prévisions de l’automne 2021. S’agissant de l’inflation, les prévisions ont été sensiblement revues à la hausse, passant de 4,9% à une moyenne de 7,4% pour 2022. Et de surcroît, la Banque nationale a annoncé que les coûts salariaux horaires dans le secteur privé belge augmenteront de près de 13% sur la période 2022-2024, ce qui représente un coût supplémentaire de 20 milliards pour les entreprises belges. La Commission de l’indice voit l’inflation s’accentuer de mois en mois. La répercussion de l’indexation automatique des salaires sur les prix de vente (la fameuse spirale salaires-prix) se fait clairement sentir. L’inflation sous-jacente (hors énergie) se situait déjà à 3,75% en mars.

La grande différence réside dans le fait qu’aujourd’hui, avec l’euro, nous ne pouvons plus dévaluer notre monnaie, nous devons trouver d’autres solutions. Grâce à une prise de conscience grandissante au fil des ans, nous disposons désormais des connaissances et de l’expérience nécessaires pour réagir de manière adéquate car, au fond, peu de choses ont structurellement changé après toutes ces années.

Une position peu enviable de championne des coûts salariaux

La Belgique était et est toujours une petite économie ouverte qui dépend fortement de ses relations commerciales avec les pays voisins. Nos exportations représentent actuellement près de 80% de la valeur ajoutée produite en Belgique. Avec une économie fortement orientée vers l’exportation, la compétitivité des entreprises est cruciale. Les produits de haute qualité fabriqués par les entreprises belges peuvent certes être vendus 10% plus cher, mais lorsque la différence atteint 20% ou plus, les clients nationaux et étrangers se tournent souvent vers des alternatives moins coûteuses.

Malheureusement, en raison du niveau très élevé de nos coûts salariaux, nous accusons un retard historique en termes de compétitivité des coûts. Eurostat – l’Office statistique de l’Union européenne – nous l’a encore rappelé au début de cette semaine : par rapport à ses trois pays voisins, la Belgique possède de loin les coûts salariaux horaires les plus élevés (en tenant compte des subsides salariaux que les syndicats qualifient invariablement, à tort, de ‘truquage’). Et cela est largement imputable aux charges élevées qui pèsent sur le travail qui font de nous les champions du coin fiscal (la différence entre les coûts salariaux et les salaires nets)

Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de nouvelles pertes de compétitivité. Cela nous entraînerait dans une spirale où les entreprises belges perdraient rapidement des parts de marché, verraient leur production diminuer, seraient privées de certains investissements et occuperaient au final moins de travailleurs, avec toutes les conséquences sociales que cela implique.

Un tiers, un tiers, un tiers

La gestion de cette crise sera douloureuse, quelle que soit la façon dont nous l’aborderons, et nécessitera des mesures antisociales. Plus nous attendons, plus les interventions seront brutales. Agissons donc ensemble – gouvernement et partenaires sociaux – avant que nous ne redevenions « l’homme malade de l’Europe ». Répartissons les coûts de cette crise entre les trois grands acteurs économiques de ce pays : pouvoirs publics, employeurs et travailleurs. Chacun un tiers du coût.

En tant qu’administrateurs responsables de ce pays, nous ne devons pas nous voiler la face et espérer que l’ouragan qui fond sur nous va se dissiper de lui-même. Nous pouvons maintenant nous asseoir autour de la table et décider comment protéger notre maison de cette tempête imminente ; car personne n’a envie de la voir prochainement dévastée.

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