L’heure est grave pour notre sécurité sociale
Pensions, incapacité de travail, chômage, soins de santé, congés... Tous ces systèmes sociaux sont financés par la sécurité sociale, qui est plus que jamais soumise à une pression énorme. Nous nous dirigeons vers un déficit de plus de 4 milliards en 2022 et d'ici à cinq ans, il pourrait atteindre 10 milliards. Par ailleurs, le financement du système est lui aussi confronté à de nombreux défis : vieillissement de la population (voir entre autres le rapport de la Commission sur le vieillissement de la population publié le 12 juillet dernier), nombre extrêmement élevé d'inactifs (1,7 million de personnes), carrières courtes et faible taux d'emploi de certaines catégories par rapport à d'autres pays. C’est pourquoi la FEB a organisé, le jeudi 14 juillet, une conférence intitulée ‘La faillite de la sécurité sociale ?/!’, où elle voulait attirer l’attention sur les différents défis urgents auxquels est confrontée la sécurité sociale belge.
L’objectif poursuivi était d’entamer un débat de fond sur les anomalies de notre système de sécurité sociale : le coin salarial en hausse, le déplafonnement des cotisations sociales et une déresponsabilisation rampante. Où se situent les principaux défis et quelles sont les mesures à prendre maintenant pour que le système reste financièrement viable pour les générations actuelles et futures ?
Atteindre un taux d'emploi de 80 % d'ici à 2030 reste le meilleur moyen d'assurer la soutenabilité financière de notre sécurité sociale. Concrètement, cela signifie que 600.000 personnes supplémentaires doivent travailler pour y parvenir. Il est donc urgent d'oser s’attaquer aux défis du marché du travail afin de préserver également la sécurité sociale à court, moyen et long terme. Des mesures plus nombreuses et approfondies pour atteindre effectivement l'objectif de 80% sont nécessaires, tant pour l'économie belge que pour la sécurité sociale.
Aujourd'hui, nous constatons cependant que cet objectif et cette source de financement sont trop facilement utilisés pour motiver encore plus de dépenses, sans sembler prêter beaucoup d'attention à leur opportunité. L'équilibre entre les recettes et les dépenses et l'importance de la responsabilisation font défaut. La sécurité sociale et le marché du travail devraient former un tandem plutôt que de se mettre des bâtons dans les roues.
La FEB a dès lors identifié 5 grands thèmes clés, qui sont essentiels pour garantir la soutenabilité de la sécurité sociale :
- Simplifier la réglementation et les structures de financement complexes, réduire efficacement les nombreuses situations anormales et prévoir un système clair et transparent qui affecte les ressources disponibles là où elles sont le plus nécessaires.
- Analyser en détail la gestion paritaire et tripartite de la sécurité sociale : les relations au sein du système de gouvernance sont-elles encore correctes ? Chacun prend-il ses responsabilités de gestionnaire et ceuc-ci sont-ils encore en mesure de jouer pleinement leur rôle aujourd'hui ?
- Éliminer les obstacles entre notre marché du travail et la sécurité sociale, afin que les deux puissent interagir plus harmonieusement. Pour cela, il faut rendre le travail plus rémunérateur et plus attrayant pour l'acquisition effective de droits de pension. En outre, il convient d'éliminer les pièges au chômage, de cibler l’accompagnement des nombreux inactifs vers le marché du travail et de soutenir les malades de longue durée dans leur retour au travail.
- Équilibrer les droits et les obligations des bénéficiaires. Faire en sorte que notre système de sécurité sociale soit responsabilisant et rende les gens moins dépendants.
- Rétablir l‘équilibre entre solidarité et assurance, en fonction de l’équilibre entre recettes et dépenses.
Les bases de la sécurité sociale belge sont ébranlées, et nous regardons sans bouger. Nous dépensons de plus en plus sans réfléchir à qui va payer en bout de course, alors que le coût du vieillissement ne cesse d’augmenter et que le taux d’emploi poursuivi de 80% est plus éloigné que jamais. Nous devons donc de toute urgence rénover notre sécurité sociale, la rendre plus responsabilisante et en extraire les anomalies, sans quoi elle risque la faillite, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela comporterait.
> Cliquer ici pour accéder à l’allocution d’ouverture de Pieter Timmermans