Débat « Travailler plus pour vivre mieux » organisé par le MR
Quelles sont les réformes qui s’imposent pour que la Belgique puisse atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici à 2030 ? Trois solutions possibles sont examinées par le MR : quel est l’impact de l’indexation automatique et de la loi de 1996 ? Une réforme des trois statuts (salarié, indépendant, fonctionnaire) contribuera-t-elle à une plus grande mobilité sur le marché du travail, et la fiscalisation de la sécurité sociale est-elle le moyen de rendre le travail et la création d’emplois plus attractifs ? Plusieurs idées ont été partagées avec un public enthousiaste au cours d’un débat animé auquel ont participé le président du MR, Georges-Louis Bouchez, mais aussi Monica De Jonghe, administrateur-directeur général de la FEB.
Pour l’organisation d’employeurs, il est évident que tant que la Belgique, contrairement à ses pays voisins, liera automatiquement les salaires et les allocations à l’indice, il ne peut être question de modifier, voire de supprimer la loi de 1996, qui vise à préserver la compétitivité des entreprises. Sur ce point, l’accord de gouvernement est d’ailleurs limpide : la loi de 1996 reste inchangée. La perte de pouvoir d’achat des travailleurs et allocataires belges est plus que suffisamment compensée. En effet, il est déjà clair que les augmentations salariales moyennes de 8% résultant de l’indexation automatique ne seront pas suivies dans les pays voisins. Cela signifie que le handicap concurrentiel, qui avait été réduit à 10% grâce aux efforts du gouvernement précédent, atteindra à nouveau 16%.
Cette situation est désastreuse pour un pays exportateur comme la Belgique, avec toutes les conséquences que cela implique ; à terme, le taux d’emploi actuel va diminuer au lieu d’augmenter.
Un statut unique pour les salariés, les indépendants et les fonctionnaires ? La FEB n’est pas opposée à ce principe et a déjà défini quelques lignes directrices dans son magazine REFLECT#19. L’important est que cet exercice n’aboutisse pas à un nivellement total par le haut. Une harmonisation des pensions au niveau des fonctionnaires entraînerait par exemple un coût budgétaire supplémentaire de 41,3 milliards EUR, rien que pour le régime des salariés. Ce scénario n’est absolument pas envisageable. Il est donc important de trouver le juste milieu afin d’harmoniser les trois statuts. Un statut unique contribuera sans aucun doute à une mobilité nettement accrue sur le marché du travail, permettra d’éliminer les questions complexes relatives à la qualification des relations de travail, tout en répondant ainsi beaucoup mieux aux besoins actuels et futurs d’un marché du travail flexible.
Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il est urgent de réformer la sécurité sociale en profondeur, mais la FEB n’est pas convaincue qu’il faille passer par sa fiscalisation pour rendre le travail et l’embauche plus attractifs. Et les membres du panel partagent en partie les mêmes préoccupations. Le simple fait que la croissance des recettes des cotisations sociales (+18%) ne suive pas celle des dépenses (+23%) montre que le système est complètement défaillant. Pour les partenaires sociaux, il est pourtant essentiel (voir la déclaration à l’occasion des 75 ans de la sécurité sociale) de veiller à ce que les dépenses soient maîtrisées de manière à ce qu’elles concordent avec les performances de l’économie, d’où l’importance de miser sur l’augmentation du taux d’emploi. Le rôle des partenaires sociaux dans la gestion globale de la sécurité sociale, ainsi que dans ses différentes branches, est primordial, en raison de leurs connaissances approfondies et de leur contact avec le terrain, sans oublier qu’ils sont les garants de la paix sociale.
Le débat a été passionnant et enrichissant, et a fourni quelques pistes intéressantes pour espérer atteindre ce taux d’emploi nécessaire de 80% d’ici à 2030.